Une nouveauté au Village : un projet unique qui met en valeur un endroit inusité de Val-Jalbert. Au début du XXe siècle, à l’écart du moulin, les ouvriers se débarrassent des pièces de machinerie brisées ou usées. À quelques pas, ce sont les rebuts domestiques qui sont jetés. Entre les assiettes désémaillées et les vieux souliers troués, les femmes s’y seraient rassemblées pour y accomplir les tâches quotidiennes qu'on leur avait confiées. Depuis ce temps, dans ces anciens dépotoirs domestiques et industriels, la nature a repris ses droits. Aujourd’hui, c’est vous qui êtes conviés à « La dompe », un lieu à la fois étrange et magique où, entre le vert vif de la mousse et le mordant du fer rouillé, s’unit harmonieusement le présent et le passé.
« La dompe » est né de la volonté de mettre en valeur un secteur méconnu et isolé du village de Val-Jalbert, et aussi – par le fait même - une réalité historique rarement discutée : celle des dépotoirs, des déchets, de lieux cachés que l’on préfère parfois oubliés, mais qui font partis du quotidien de toutes les communautés, de toutes les villes et villages… Même celui de Val-Jalbert!
Historique
« La dompe » industrielle : À l’origine (dans les années 1920), les dépotoirs industriels étaient utilisés par les travailleurs du moulin pour y jeter les pièces de machineries – de toutes sortes - brisées ou usées. Cela faisait partie de la réalité industrielle de Val-Jalbert : avec une usine qui fonctionne à plein régime, il y a aussi de nombreux déchets qui sont produits. Ce lieu, par sa proximité et sa facilité d’accès, était l’endroit idéal pour en disposer.
« La dompe » domestique : En 1920, les habitants et habitantes accèdent à une foule de nouveaux biens de consommation. À Val-Jalbert, on est particulièrement choyé. On goûte au confort! On les entend presque s’exclamer devant tant de possibilités :
« Au magasin à Welly, ils vendent du ketchup. C’est nouveau. En avez-vous entendu parler? »
« Mon capot? Le vieux était brisé. Lui, je l’ai commandé par catalogue. Il est arrivé en même temps qu’un biberon pour le petit dernier, du tabac pis des pastilles pour la toux…»
À la fabrication traditionnelle et au rafistolage ponctuel, on privilégie de plus en plus les achats rapides. Toutefois, ces biens, une fois utilisés, sont tout aussi promptement jetés. Au total, 17 dépotoirs domestiques sont répertoriés sur le territoire de Val-Jalbert! Comme ailleurs au Québec, à la même époque, c’est la façon de s’en départir. Une fois hors de la vue, ils n’existent plus!
Avec la fermeture du moulin et le village déserté, ces dépotoirs vont tomber dans l’oubli. Peu à peu, la nature va envelopper les déchets, la rouille et la pourriture vont les attaquer… Créant un lieu – étonnamment (pour un dépotoir) – d’une grande beauté. Dans les dernières années, l’endroit était fréquenté seulement par les visiteurs les plus téméraires et les plus connaissant – comme un secret bien gardé.
Description du projet et du lieu
Grâce à un financement du ministère de l’Éducation, via le programme de Soutien à la mise à niveau et à l’amélioration des sentiers et des sites de pratiques d’activités de plein-air, nous avons pu rendre le lieu sécuritaire (aménagement d’un sentier), confortable (par, entre autres, l’intégration de mobiliers permanents) et accessible pour tous. Nous remercions le ministère de l’Éducation du Québec pour le financement sans lequel la réalisation de la Dompe n’aurait pas été possible.
Il ressort de la visite de la Dompe, une impression de magie, de magnifique étrangeté où l’on trouve beau et digne ce qui ne devrait pas l’être (un dépotoir et ses déchets!). Nous sommes conviés à entrer dans ce lieu, comme à s’immiscer dans un endroit caché, à l’abri de la vie qui s’y trouve en parallèle, permettant de laisser libre cours à son imagination, aux souvenirs et impressions involontaires, créant une expérience de visite constamment renouvelé (à chaque passage, un nouvel élément se révèle!) et qui diffère selon les saisons.
Installation artistique Ves(tiges) et Rafistolage
À ce projet de « dompe », il s’est donc rapidement imposé d’y ajouter une vocation artistique. Notre volonté était de réussir, par l’art, à intégrer une humanité, à inviter les visiteurs à s’y engager et à coller leur imaginaire à celui du lieu.
« La dompe » industrielle : Vous retrouverez l’installation Ves(tiges);
Composée de 200 tiges de métal aux couleurs variés, représentant les 200 ouvriers du moulin Saint-Georges, dans les meilleures années.
200 tiges de métal aux sept couleurs distinctes, comme les sept corps de métier nécessaires à la fabrication des ballots de pulpe au moulin Saint-Geroges.
200 tiges de métal éparpillées, comme 200 ouvriers qui ont été rejetés lorsque le moulin a fermé et qui sont demeurés les fiers témoins de cette dure et belle histoire.
« La dompe » domestique : Vous retrouverez l’installation Rafistolage.
Composée des centaines de bandes de tissu… superflues, comme des retailles récupérées par les femmes pour fabriquer des laizes et des catalognes; …liées et reliées, comme des centaines de femmes qui tracent le chemin et assurent l’appartenance et la cohésion d’une communauté.
Des tissus aux couleurs fortes… comme des chemins bien délimités, des rôles à respecter; …et leurs dégradés, comme des routes secondaires qui, face au tracé dominant, se propagent et subliment les frontières imposées.